dimanche 30 mars 2008

11.

Ne plus voir la ville comme on l'a toujours vu. L'observer pour en graver tous les détails dans notre tête. L'observer comme pour incruster dans notre mémoire ce qu'elle dégage. L'observer pour mieux s'en rappeler car on sait qu'on la quitte.

Dernier hiver, dernier printemps et dernier été. La ville se transforme sous le souffle de Mère Nature qui prospère. Aller voir ailleurs comment elle se débrouille. Comprendre que pendant longtemps, il n'y aura plus qu'un pays lointain attaché à notre nom. Se sentir exotique et sourire. Mais soupirer de l'intérieur d'avoir quitter ce lieu de sécurité.

Rêver de chaque dollars investie dans ce voyage qui marquera ma vie et mon imaginaire dans le futur.

Sourire de l'aventure qui s'en vient et de celle qu'on vit présentement.

samedi 29 mars 2008

10.

Être comme une femme fatale. Regarder simplement dans les yeux d'un homme et le sentir défaillir. Détourner le regard rapidement pour l'empêcher de délirer. Et soudainement avoir l'impression que ce geste produit l'effet contraire. Se dépêcher de se rattraper en se montrant détachée, mais comprendre une fois de plus que cette attitude alimente les fantasmes. Ne plus savoir comment agir. S'apeurer. Trébucher. Atterrir, consternée, dans les bras de l'homme qu'on voulait fuir. Avoir peur et ne plus savoir comment agir. Séduire involontairement l'homme par ces maladresses. Pleurer sous son regard d'amour. Se sentir trompée par son propre corps. Abdiquer sous les caresses. Profiter d'un moment qu'on a pas souhaiter. Se sentir trompée par son propre corps. Profiter d'un moment qu'on a pas souhaiter. Penser pouvoir tirer plus de la situation. Et se sentir mal d'abuser. Se tromper soi-même en s'affirmant soi-même abusée. Abuser l'abuseur en retour. Ne plus reconnaître la situation.

Et pleurer.

mercredi 26 mars 2008

9.

L’envie de pleurer qui tiraille l’esprit tant l’ambition est grande, tant il semble y avoir à faire avant de pouvoir enfin ressentir le sentiment d’avoir eu une vie remplie. L’envie de se planter les ongles dans la peau pour taire l’arthrite des mains qui souffrent d’inaction, de crier le silence qui ronge l’ardeur dans laquelle l’esprit est plongé. Avoir l’impression de toujours voir repousser l’arrivée au sommet. Être consciente que la limite n’est pas encore atteinte mais souffrir de vertige tant la capacité est grande, tant le sommet est haut. Avoir envie de se reposer mais ne pas pouvoir car la souffrance d’avoir pu est pire que celle qui accable les jambes épuisées.

Finalement, pleurer sur le Requiem de Mozart, résignée d’avoir à vivre un destin exigeant et d’y souffrir. Pleurer seule et en silence, dans la souffrance de l’attente de la sérénité que seule une vie lourde et riche en expérience pourra apporter.

lundi 24 mars 2008

8.

Voir avec quel enthousiasme ils dévorent le corps. De vrais vautours.

Rire de l'ébat de cette vulgarité. S'offrir, toute, dans une dévotion explicite, un abandon désolant.

Mourir sous le poids des hommes qui s'effondrent après l'orgasme.

Devenir dépendant des autres tant le corps souffre de l'amnésie provoquée par le manque de caresses.

Soupirer puis ne rêver que de superficialité que pour ne pas être blesser de toute cette brutalité.

vendredi 21 mars 2008

7.

J'ai hâte d'être en Allemagne. De voir des nouveaux bâtiments, d'entendre des sons que je ne reconnais pas, de lire des suites de lettres inusitées, de me sentir perdue pour réapprivoiser le monde.

J'ai hâte d'être en Allemagne pour sentir et voir l'usure, le vieux, l'histoire à travers les visages, le style, le mode de vie des gens. De connaître ce que c'est que vivre dans l'Histoire...

mercredi 19 mars 2008

6.

Se heurter à l'attachement d'un homme qu'on veut voir disparaître de sa vie.

mardi 18 mars 2008

5.

Avoir la tête remplie de recettes de cocktails , se répéter les onces d'alcool, les mélanges de jus, les noms exotiques.

Daiquiri: une once de rhum blanc, une once de Barmix, utilisé le shaker, faire de l'oeil au client, se pencher en lui donnant son alcool, lui dire le prix à l'oreille, lui prendre son cash en souriant.

Planter's Punch: une once de rhum brun, une once et demie de Barmix, quatre onces de jus d'orange et des gouttes de Cherry Brandy et de grenadine et rajouter quelques fruits pour faire plaisir à la fille. Lui montrer de l'oeil un joli mâle, lui souhaiter bonne chance et prendre son cash en souriant.

Rêver de pays étrangers en servant des Tequila Sunrise. Croire que le soleil peut nous appartenir à mesure qu'on se rapproche de l'équateur.

Margarita: Une once de tequila, une demie once de Triple Sec, une once de Barmix et se retrouver sur la plage, dans notre tête, avec le bel étranger de l'autre côté du comptoir et lui prendre son cash en souriant.

Se sentir plus près du but final lorsqu'une bouteille d'alcool est finie, que les poches sont lourdes d'argent et que la fatigue harcèle le corps.

Madras: Une once de whisky écossais, une demie once de jus de canneberges, trois onces de jus d'orange. Caresser la main de l'homme, plonger son regard dans le sien, et retirer du pourboire de son portefeuille en le charmant.

Avoir le corps sali, les muscles fatigués, les poches pleines de cash, le cœur lourd de remords mais la tête pleine de rêves. Prendre une verre d'alcool, le vider dans ses veines et s'endormir sur la longue plainte de l'épuisement et du rêve à construire.

Between the sheets: une demie once de Brandy, une demie once de rhum blanc, une demie once de Triple Sec, une demie once de Barmix et l'engloutir d'un trait comme on voudrait dévorer la vie.

lundi 17 mars 2008

4.

La fatigue qui tire les traits. Le corps lourd. La tête qui tourne. Les yeux qui piquent. Le froid qui s'installe. L'âme qui s'écœure d'avoir à se retrouver seule, une nuit de plus et l'esprit qui fatigue d'être seul à veiller sur lui-même.

Dormir que d'un œil parce que la peur reste présente malgré le double tour à la serrure, la double vérification, malgré les objets qui traînent dans la noirceur, malgré les trois portes à traverser avant d'entrer dans l'appartement, malgré le calme du quartier. Être sur ses gardes toute la nuit car c'est dans le noir que les méchants sortent et que la perversion se trouve.

La raison qui n'arrive pas à se raisonner d'aller dormir. Le désir de veiller qui vacille après un verre d'alcool. La résolution de ne pas aller dormir tôt qui abdique finalement dans l'ennui, dans l'épuisement maximum du corps.

Se résoudre à aller dormir, comme un enfant, mais sans se faire raccompagner. Mais sans conte ni chanson. Mais sans se faire border. Sans un "Bonne nuit" ou un bisou. Peut-être même sans prière. Qu'une caresse sous les couvertures, un soir où la solitude pèse trop. Et se rendre compte ensuite avec malheur que la chaleur d'un homme manque vraiment dans le lit, grand et vaste et froid.

3.

Y'a un tel chaos dans ma tête, un désordre continuel qui se répand dans mon corps à travers l'impatience du fluide de mon sang qui se précipite dans mes veines. Ça s'appelle la rage de vivre qu'on dit. La rage de vivre.

Rager intérieurement de l'inefficacité, de l'inaction, de cette mare d'humain qui bouge au rythme du vent et de la lune. Qui bouge lentement, sans prendre conscience de tout leur pouvoir comme si le but de leur existence n'était que de suivre le troupeau dans lequel ils ont été mis.

Pester contre le troupeau de l'humanité et croire, tout de même, que parmi eux se trouve peut-être un autre, comme moi.

2.

Se lever le matin, répéter incessamment les mêmes gestes. Se bourrer de café juste pour avoir la force de continuer, tout en se demandant où est-ce que cette journée nous amènera même si on sait pourtant qu'elle ne se terminera pas plus loin que dans le lit, sans compagnie.

Mais se lever quand même le matin, répéter les mêmes gestes et lutter pour que ceux-ci ne s'inscrivent pas dans une routine d'automate. Boire du café comme pour être projeter du sommeil à l'action, comme une voiture percutant un mur de béton. S'écraser contre la vie, le travail, l'école, les obligations de la vie. S'écraser parce qu'il n'y a pas d'autre mot. Se sentir esclave de nos biens. Rêver de liberté assis sur les bancs d'une école aux fenêtres condamnées.

Écouter distraitement les paroles des gens qui parlent. Parler de rêves à des oreilles indifférentes et amnésiques. Souffrir de solitude dans toute cette masse de vie solitaire. Crier en silence et pleurer en bouffant les larmes. Penser pourtant que le soir, ce sera mieux.

Se noyer dans l'alcool. Se noyer dans la foule. Se noyer dans la musique qui déchire les tympans. Reproduire avec violence la solitude éprouvée pendant la journée. Danser sans que personne ne regarde. Toucher des corps qui nous sont étrangers et les rêver égoïstement dans notre lit. Exister seulement parce que la foule existe.

Si la chance ose se pointer, le regard d'une créature anormale tombera sur nous. Et par cette attention soudaine, toute l'existence du monde semble prendre un sens. Et on tente, comme on peut, de combler ce bloc de vie solitaire par des mouvements destinées à l'animer autrement que par le sens du devoir. Fuir dans la joie d'offrir le bonheur à une autre personne. Croire que nous sommes les deux seuls êtres vivants qui restent au monde et joindre à notre union une félicité qui restera perdue longtemps dans notre tête gavée d'alcool. Se servir de ce souvenir flou pour mieux survivre aux lendemains qui se répètent de façon si dramatique.

dimanche 16 mars 2008

1.

Le problème, c'est peut-être le rêve.
Le rêve d'avoir une vie remplie d'exaltations, d'admirateurs, de projets ambitieux et réalisés, comme une vedette qui a la Terre entière dans sa main plutôt que d'avoir la vie d'une étudiante à Montréal, qui rêve d'alcool sans s'endetter.