dimanche 31 août 2008

26.

Au son de la guitare d'Elliott Smith, s'apercevoir par le titre de la chanson"Going Nowhere" que finalement, le monde est peut-être plus grand que ce qu'il en a l'air, que même si c'est l'Europe, "Gran Canaria and Italy is still far away from Germany."

Une réconcialiation qui s'éteint devant des distances et des prix d'avion inaccessibles pour un bugdet d'étudiant. Et dire qu'avant, il fallait une vie entière pour parcourir l'Europe d'un bout à l'autre, sans avoir l'espérance de pouvoir y parvenir. Et maintenant, en quelques heures, le bout du monde sous les pieds... mais quand même, ne pas pouvoir se toucher la main à cause de lignes internationales...

Et croire, espérer que les trois heures entre son arrivée et mon départ puisse être assez. Espérer que rien ne change. Espérer que rien n'arrive. Espérer que le monde entier retienne son souffle sur un moment trop court...

jeudi 28 août 2008

25.

Au milieu de la nuit, un bruit. Le sommeil est lourd, très présent, mais quand même chercher, s'éveiller un peu. Le bras se glisse hors des couvertures, affronte le froid de l'automne qui s'intalle tranquillement.

La lumière du cellulaire est une attaque aux yeux. Le message qui apparaît à l'écran aussi. Il demande un numéro d'un ami commun... à 2 heures du matin. Lui donner, parce qu'autrement, c'est mal agir, mais quand même, chercher une façon de mal agir en agissant bien.

"How is it?"

Et il répond à la vitesse de la lumière, ne semble pas comprendre pourquoi son numéro est tombé au fond d'un creux. Lui demander: "Pourquoi sa main était-elle dans la tienne?" et recevoir comme réponse une philosophie de vie par SMS.

Such a loser.

Mais quand même, retomber dans le sommeil, engourdie d'une tristesse détestable, haïssable, qu'on souhaite repousser du revers de la main, mais qui revient inlassablement vers le coeur et gruge cette patience qu'on accorde au genre humain.

samedi 23 août 2008

24.

Voir ses amies se transformer en monstre, parce qu'Il semble devenir leur amant. Avoir envie de mourir, de s'écrouler au milieu du salon, un verre d'alcool empoisonné dans la main. Vouloir que le monde entier se retourne sur son passage, parce qu'on aime sans retour, parce qu'on aime et que ça fait mal, parce qu'il nous semble que notre vie est un vrai drame.

Repasser en revue toutes les parcelles de notre vie, de notre corps, pour comprendre ce qui ne marche pas. Avoir honte de cette coke, avoir honte de cette drogue, avoir honte de ces gars auparavant.

Soudain, avoir l'impression d'avoir été méchante et de ne récolter ce qu'on a semer. Pleurer d'incapacité. En vouloir au pays, à la culture, à la langue. Puis soudain, avoir une phrase en tête, la seule possible à avoir, et en allemand, et se rendre compte qu'il n'y a rien d'autre à ajouter... car tout y est:
"Ich weiß noch nicht, wenn ich liebe dich oder wenn ich hasse dich, aber in beiden Fällen, ficke ich dich."
"I still don't know if I'm loving you or if I hate you, but in both case, I'm fucking you."

jeudi 21 août 2008

23.

Elle attendait sur la place publique, un peu indifférente aux passants qui venaient et s'en allaient. La lune, depuis un moment était dressée dans un ciel clair et froid. 21:00 était passé depuis un moment déjà, mais il n'arrivait toujours pas.

Soudain, un son; celui de son cellulaire: "I'm getting late."
Un sourire un coin, puis un léger embarras. Elle s'y attendait.

Elle lève le regard et tombe sur un groupe de jeunes garçons. 14-15 ans... Les jambes longues, le physique d'un enfant trop grand, l'allure d'un jeune chiot en pleine poussée de croissance.

Ils ont l'arrogance de croire que le monde est à leurs genoux, qu'un univers remplit de bontés les attendent. Une cigarette à la bouche, une bouteille d'alcool à la main, ils prennent l'air décontracté de jeunes de rue qui n'ont pas peur de ce que leur vie peut leur amener comme embuche.

Elle les regarde un instant, mélancolique. Elle jette son regard sur leur visage, les examine. La plupart sont encore jeunes de profil, mais certains sont plus beaux, ont une apparence plus mature. Un en particulier. Leur regard se croise. Elle n'y porte pas vraiment attention. Elle continue de les observer, un peu perdue dans ses propres pensées.

Peu à peu, elle commence à croiser quelques-uns des regards de ces jeunes garçons. Elle cherche celui qui a les traits plus maturés. Elle le retrouve en train de parler avec son copain, il se retourne, l'observe. Comme pour se donner constance, il se donne un air sérieux, fasciné, mais derrière ses traits, une gêne, un questionnement sur la façon à agir pour aller lui parler.

Elle lui sort un sourire en coin, détourne le regard, secoue légèrement la tête. Une histoire de flirt enfantine, trop facile, trop simple, trop puéril.

Puis celui qu'elle attendait arrive alors que le jeune a encore son regard posé sur elle. Elle, elle l'a oublié, salut son ami, et disparaît avec lui, bras dessus, bras dessous, sans un regard pour l'enfant qui a encore son regard braqué sur elle.

22.

Avoir eu l'audace de dire: "I know jealousy because of you."
Avoir eu la force de ne pas l'avoir embrassé, parce que "I'm a bit confused about our relation".
Avoir réussi à ne pas pleurer devant son "I don't know."
Avoir réussi à ne pas dramatiser la situation alors que "I'm leaving for a week soon, and then, you are leaving for three weeks in Italy, and right after you are going for a week in Munich, just before your week in Canada... And then, I'm moving for my study... so..."
Avoir réussi à garder espoir par un rire.

Mais être toujours dans l'attente et souffrir de ne pas savoir.

lundi 18 août 2008

21.

Soudain, à la table, une question tombe: "As-tu déjà fumé?"
Et comme si c'était attendu, un mensonge répond à l'interrogation lancée: "Non."

Mais alors, une certaine gêne envahit le corps. Fumer? Fumer quoi? De la cannelle dans la cours de récréation? Non. De la marijuana dans les toilettes de l'école secondaire? Oui. Trop peut-être.

Mais ça, ce n'est rien. Ce n'est rien comparé à l'envie qui remonte dans le nez, au goût fort et chimique qui descends des narines à la bouche, aux paupières lourdes qui tombent après une ligne. Fumer? Fumer quoi? Bof, on pourrait dire que non, grosso modo.

Des envies paradoxales trompent le corps. Celle d'appartenir à une société cultivée et riche en divertissements et celle, plus primitive, d'être parmi les oiseaux de nuit, qui se déchirent les ailes en voulant rejoindre les étoiles. Et parce que le premier monde semble aussi inaccessible que le second dans l'instant présent, le cerveau tombe dans le coma des souvenirs... et le goût chimique de la coke revient plus fortement.

Le nez qui crie une douleur aigüe. La bouche qui grimace sous le goût acre d'une neige insoluble. Les veines qui paniques d'excitation. Le cœur qui se trémousse. L'abandon du corps, des principes, de la volonté, de l'éthique, de la bienséance, de toutes ses choses imposées par une intelligence malsaine, trompeuse peut-être, revient hanté le corps. Les souvenirs, si présents, remontent aux yeux en boule de cristal, étranglent la gorge, enserrent les mâchoires.

Crier d'envie de mélanger de nouveau cette coke avec cette Extasy. De se retrouver dans ce club entouré de vautours. De se laisser échouer dans les bras d'un inconnu.

Soupirer enfin du deuil de ce monde malsain. Voir les sourcils tombés sous l'impossibilité d'obtenir de nouveau cette folle combinaison de poison. Se contenter d'une réalité, quand même acceptable. Se voir peut-être sourire devant les différences de notre vie face à celle de nos amis. Se contenter de l'écart. Se contenter de ce qu'ils ignorent. Se contenter de ce qu'ils ne veulent pas savoir. Puis se sentir, un peu, un brin, un minuscule, plus forte, plus courageuse qu'eux par le guts d'avoir déjà fait ce qu'ils ont toujours redoutés de faire.

Et rire en silence.

20.

Se sentir marionnette. Détester les fils qui guident les bras. Mais aimer celui qui les tient.

samedi 16 août 2008

19.

C'est le premier homme qui lui fait autant d'effet, qui lui donne un sens aux mots "posséder", "jalousie" et peut-être même "amour".

Quand elle l'a connu, ses plus solides convictions à propos de l'amour venaient de écrouler; "La jalousie, c'est le résultat d'une confiance qui n'existe pas. L'amour, c'est le résultat d'une confiance aveugle."

Pourtant, elle doit s'avouer que quelque chose ne fonctionne plus, que son opinion n'est peut-être plus valide. Quand elle le voit sourire à une autre fille, ses mâchoires se serrent. Quand elle ne le voit pas, l'angoisse tombe dans son ventre. Quand il lui sourit, alors qu'il l'embrasse, la peur la prend. Et pourtant...

La jalousie n'est pas une maladie de l'amour, qu'elle se répète, mais devant les faits, elle doit s'avouer qu'elle est jalouse et aussi, un peu amoureuse.

Et ses amies lui demandent: "Alors?"
Et elle répond, vaguement, qu'elle ne sait pas encore.
Et elle continue de penser longtemps encore.

L'autre fois, au bar: "Vous êtes ensemble?!"
Et elle, sur un air joyeux, se retourne vers lui et l'interroge. "I don't know. Maybe?!"
Mais la situation n'est toujours pas clarifiée le lendemain et elle s'interroge.

Elle l'appelle, tombe sur du néant.
Elle le sms et tombe dans l'attente.
"Come online."

Et ils parlent. Elle le sens distant, le lui dit.
"Girls are thinking too much."

Et devant la froideur de cette réponse facile, l'envie de le revoir diminue.

Mais après, il l'invite, ils se voient et s'embrassent. Une belle soirée.
Mais le lendemain, encore le doute...

samedi 2 août 2008

18.

Et soudain, l'univers de l'alcool s'écrase contre une asphalte trop fraîche. L'homme martèle la rue de ses coups de pieds; il court, il joggue, à chaque matin. C'est son corps qui lui en redemande toujours et encore, qui le réveille avant la sonnerie du cadran, le matin, à 6h30. Au début, c'est dur, qu'il a dit, mais le corps est une machine qui fonctionne sur le rythme d'une routine. C'est vrai, que j'ai répondu, en pensant à la fatigue des premières fois, où le sommeil semble si intense qu'il nous amène à nous écraser au fond de la bouteille d'alcool. Mais après, le corps en redemande. Autant d'alcool que de musique forte et de danse.

Il m'a dit, du haut de ses études universitaires en médecine, du haut de ses 23 ans, du haut de sa toute puissante vie qui se dresse devant lui qu'il ne comprenait pas ses "pauvres gens" qui passaient leur vie dans les clubs et bars, comme pour fuir quelque chose, pour éviter de penser et pendant un court moment, je me suis sentie mal en face de lui.

- Mais je passe ma vie dans les bars moi.
- Mais tu y travailles, ce n'est pas la même chose.
- ...

Mais j'aime ça, que j'aurais voulu y dire. J'aurais voulu y dire que l'alcool, c'est son air du matin, qu'il trouve si frais. Que la musique forte, c'est son cœur qui bat la chamaille quand il court, que sa course, c'est ma danse. J'aurais aimé lui montrer qu'entre sa rue et mon dancefloor, il n'y a pas grande différence, qu'au fond, on recherche la même chose: l'évasion de l'esprit, le sentiment de liberté, l'apaisement d'une vie lourde.

- Dansez c'est un sport, je pense que j'éprouve la même chose que toi quand je suis dans un club ou dans un bar, ou même quand je travaille.
- Mais tu bois. Et c'est pas bon.
- Boire autant de café que tu fais, ce n'est pas bon non plus.
- Le café, c'est un art.
- Je considère que l'alcool est autant un art que le café.
- Non, parce que ceux qui consomment l'alcool en abusent et ne savent pas le déguster et l'apprécier.

Et à ce moment-là, je me suis sentie de nouveau seule dans mon monde d'alcool, de bars et de clubs. Je me suis sentie du mauvais côté de la ligne sans vraiment le mériter, car j'aurais pu lui répondre qu'avec ses trois cafés par jour, il ne peut pas apprécier le goût autant que quelqu'un qui n'en prend qu'une fois de temps en temps. Et qu'à la différence du café, l'alcool est si variée, si diversifiée qu'il est toujours possible de découvrir et de redécouvrir.

Mais je me suis tue. L'alcool de nuit ne représente qu'une partie de débauche pour une grande majorité des gens.