lundi 29 septembre 2008

28.

Fixer ses visages connus, ses gens puissants par leur nom, ses légendes vivantes et essayer de comprendre ce qu'ils ont de différent. Spear, Eminem, Hilton. Ne pas arriver à comprendre ce qui leur est arrivé, ne pas comprendre ce qui les différe de tous, penser pouvoir comprendre par leur apparence mais se heurter à une banalité humaine, totalement ordinaire, aucunement intéressante.

lundi 1 septembre 2008

27.

Elle réalise soudain la différence entre les contes de petites filles et la réalité. Dans sa jeunesse, elle avait toujours voulu être cette fille, aux cheveux longs et fins, en robe légère sur le bord d'un quai de train qui agite la main à son amoureux, une larme au coin de l'oeil.

Elle se disait: "C'est romantique, si poétique, si beau..." Et c'était vrai. Dans le film. Mais la réalité, contrairement aux films et aux contes de fée, est souvent dénuée de tout sens artistique. Elle venait de le comprendre.

Malgré sa jupe frivole d'un beige clair, son haut brun un peu bouffant, ses colliers, ses cheveux libres, son style gitan, malgré le bruit des moteurs qui poussent le train, malgré le soleil qui se couche et qui laisse une lumière chaude et lourde et des ombres grandes et impressionnantes, elle ne parvenait pas à voir où était la beauté dans la situation.

"Il part."

Mais lui, lui dans le train, il n'en revenait pas. Elle, dans la lumière d'un soleil mourant, entre les ombres grimpantes, elle avait l'air d'un ange. Il souhaitait qu'elle s'envole au vent, qu'une rafale de vent la lui ramène, qu'elle réapparaisse à ses côtés, sur le siège libre du wagon où ses valises se tenaient.

Cette fille, il la trouvait surprenante. Il se rappelait la première fois qu'il l'avait vu, dans une robe beige, la même couleur que la jupe qu'elle portait présentement. Il avait été impressionné, ébloui. Il s'était dit que c'était une de ces filles impossibles à approcher mais pourtant, il était parvenu à lui parler, à la faire sourire et même, à lui tenir la main et à l'embrasser.

Il l'avait d'abord cru superficielle, par tous ces accessoires de mode, par son obsession du magasinage, de son apparence, mais il s'était rapidement aperçu qu'elle s'exaltait à travers son style, qu'elle parlait par ses vêtements, qu'elle créait, s'amusait, jouait à l'artiste en s'habillant.

Il s'était alors regardé très mal dans le miroir, aurait voulu être aussi créatif qu'elle, avoir su s'extérioriser autant qu'elle le faisait, mais il n'avait que des Jeans défraichis et des T-Shirts de bands de musique qu'il aimait.

À chaque jour, elle avait quelque chose de nouveau. Elle élaborait des styles nouveaux, selon son humeur. Il ne comprenait pas toujours ce qu'elle voulait dire, mais il savait qu'un message se trouvait derrière son pull gris et qu'elle transmettait autre chose avec son haut mauve.

Aujourd'hui, sur le quai, avec sa jupe beige frivole et son haut léger, ses cheveux libres et ses longs colliers, avec son air de gitane, il comprenait qu'elle aussi, elle voulait partir avec lui, comme un oiseau, comme un ange...