lundi 17 mars 2008

2.

Se lever le matin, répéter incessamment les mêmes gestes. Se bourrer de café juste pour avoir la force de continuer, tout en se demandant où est-ce que cette journée nous amènera même si on sait pourtant qu'elle ne se terminera pas plus loin que dans le lit, sans compagnie.

Mais se lever quand même le matin, répéter les mêmes gestes et lutter pour que ceux-ci ne s'inscrivent pas dans une routine d'automate. Boire du café comme pour être projeter du sommeil à l'action, comme une voiture percutant un mur de béton. S'écraser contre la vie, le travail, l'école, les obligations de la vie. S'écraser parce qu'il n'y a pas d'autre mot. Se sentir esclave de nos biens. Rêver de liberté assis sur les bancs d'une école aux fenêtres condamnées.

Écouter distraitement les paroles des gens qui parlent. Parler de rêves à des oreilles indifférentes et amnésiques. Souffrir de solitude dans toute cette masse de vie solitaire. Crier en silence et pleurer en bouffant les larmes. Penser pourtant que le soir, ce sera mieux.

Se noyer dans l'alcool. Se noyer dans la foule. Se noyer dans la musique qui déchire les tympans. Reproduire avec violence la solitude éprouvée pendant la journée. Danser sans que personne ne regarde. Toucher des corps qui nous sont étrangers et les rêver égoïstement dans notre lit. Exister seulement parce que la foule existe.

Si la chance ose se pointer, le regard d'une créature anormale tombera sur nous. Et par cette attention soudaine, toute l'existence du monde semble prendre un sens. Et on tente, comme on peut, de combler ce bloc de vie solitaire par des mouvements destinées à l'animer autrement que par le sens du devoir. Fuir dans la joie d'offrir le bonheur à une autre personne. Croire que nous sommes les deux seuls êtres vivants qui restent au monde et joindre à notre union une félicité qui restera perdue longtemps dans notre tête gavée d'alcool. Se servir de ce souvenir flou pour mieux survivre aux lendemains qui se répètent de façon si dramatique.

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