dimanche 30 novembre 2008

39.

Elle ouvre les yeux, le voit qui la regarde. Elle se sent belle, nue sous son regard. Elle l'invite d'un sourire faible et il vient se coucher près d'elle. Ils se caressent un peu, mais rapidement, la tête lui tourne et elle fléchit de nouveau sous un sommeil qui pèse lourd.

Et lui, il la regarde s'endormir, de plus en plus pesante sur lui. Son bras qui s'abandonne sur son corps et qui le presse de cette force féminine, petite et délicate, mais lourde et sans disgrâce.

mardi 18 novembre 2008

38.

Se faire prendre par la main, par un homme inconnu.
Se retourner et croiser le regard d'un autre qui vous fixe.
Détourner la tête, et voir une main lever au loin.
S'y rendre, se pencher pour savoir, et se faire dire à l'oreille: "Tu es si belle."

Se sentir traquer de toute part. Se faire voler des becs sur des joues rouges de fatigue. Avoir la peau grasse de salive d'hommes qui aiment que par les yeux.

Tourner le dos aux clients pour aller chercher l'alcool et recevoir un frisson dans l'échine à l'idée qu'une demi-douzaine de tête sont tournés vers vous et vous observent de loin. Se sentir mal. Prendre l'alcool. Lever le plateau. Sourire. Puis se retourner pour affronter la foule. Faire comme si jamais, les becs, les caresses, les commentaires, les regards, les gestes subtiles ne vous avaient jamais le moindre du monde dérangés...

dimanche 16 novembre 2008

37.

Le garçon parle. Une façon soignée de dire les choses nouent sa langue. Des mensonges sortent de sa bouche, mais on s'en fout, car il est beau et amusant.
Le garçon parle toujours. N'importe quoi sort de sa bouche. On n'y croit pas, mais ça amuse et on laisse continué.
Peu importe ce qu'il raconte, qu'on se dit, on passe du bon temps. Mais un beau jour, le mensonge s'oublie et on croit. Puis une barrière tombe, celle de la prudence, et la naïveté embarque. Puis comme une petite fille, on boit ses paroles dans se poser de question. Quelque chose vient se glisser dans la relation. Mais quand même, la mémoire nous rappelle qu'il ne faut pas.
Le coeur saigne sous la dominance de la raison, mais on s'oublie, comme on a oublié les mensonges. C'est une relation amnésique, où rien ne compte, où rien ne doit compté. Où il vaut mieux oublié ses mots doux et gentils, pour éviter d'y croire.
Souffrir encore de s'être fait duper à son propre jeu.
Vouloir dire: je couche avec toi parce que je veux coucher avec toi.
Et pas: je couche avec toi, parce que j'aime ça, parce que j'aime toi.
Se blesser à un amour improbable, malsain.
Se blesser à la solitude d'une croyance qui n'aurait jamais dû naître.
Avoir dans la bouche, le goût amer de l'amour.
Encore, et toujours.

vendredi 7 novembre 2008

36.

Regarder le passé et écouter les voix majeures. Douter de celle qui sort de notre bouche; se croire jeune, inexpérimenté, naïf, idiot, débile, même. Déprécier ce qu'on a cru de meilleurs quand on compare le résultat de notre sueur à ceux des grands. Souffler d'épuisement. De découragement parfois. Mais aimer quand même travailler, bucher, espérer, faire et suer et continuer. Voir qu'on monte, peu à peu, l'échelle de la grandiosité, mais ne pas encore pouvoir y ressentir son vertige unique. Mais continuer. Car il n'y a que ça à faire. Et ne pas jamais diminuer les objectifs, quitte à souffrir de ne jamais y parvenir. Mais au moins, sourire de ne s'être jamais laissé tenter à la sous-qualification, au facile, au médiocre, car au fond, tout est médiocre pour un être qui peut faire mieux que ce qu'il fait maintenant.