jeudi 30 octobre 2008

35.

Apercevoir subtilement, à l'arrêt d'autobus, le profil d'un homme qu'on croit trouvé beau. Chercher son regard, se heurter à sa nuque, tenter de trouver des situations pour le voir de face et ne pas y arriver... Et se laisser rêver de sa beauté qu'on n'a vu que partiellement...

dimanche 26 octobre 2008

34.

Les corps en mouvance, sous des draps souples d'hôtel pour couple d'un soir, dans le noir, ou dans la lumière des phares d'une voiture qui passe, ton visage qui me regarde, dans le noir, j'observe ton regard, tente d'y voir mieux, croise des yeux qui ne veulent rien dire, bloque sur un silence, un mutisme qui me réduit à une solitude plus grande encore que ce que j'aurais cru et pendant que tu m'embrasses, ma gorge se serre, mes yeux se ferment, mon cœur s'étouffe mais mon corps continu à se donner, à bouger sous tes coups de reins.

J'aimerais te dire comment je me sens seule dans tes bras, comment l'amour m'écoeure parce que je n'y ai pas accès, ni avec Toi, ni avec Lui, ni avec Il, ni avec Eux, et ni même avec moi. L'amour m'écoeure parce que je n'y ai pas accès, parce que prise sous le charme de l'amour, je me sens ensorcellée, droguée, prisonnière. Parce que sans l'amour, je me sens rejetée, ignorée, seule. Parce que l'amour, qu'il soit à ma porte ou non, m'agace. Parce qu'il ressemble trop à cette fumée d'hash, qui pique à la gorge, qu'on souhaite recrachée immédiatement après l'avoir innalée mais lorsque la brûlure s'estompe, l'envie d'y regoûter nous revient. Parce que l'amour ressemble trop à cette fumée d'hash, à cette misérable agace, à cette prison d'or, cette dépendance narcotique, au lithium de la société.

33.

Se trouver sur le plancher de danse, s'effleurer la joue, se regarder dans les yeux entre deux flashs de lumière stroboscopique et retomber dans la noirceur de la pièce, nos deux corps un peu plus proche.

vendredi 24 octobre 2008

32.

Recevoir des nouvelles de cet homme alors que tout est définitivement terminé. Trouver cela étrange. Croire peut-être alors à sa sincérité. Savourer chacun de ses mots de sa courte lettre. Les bénirent, presque, tant une certaine joie, douce-amère, envahit et réchauffe le coeur. Et tomber sur les derniers mots de la lettre et avoir envie de pleurer, presque, tant l'espoir de vouloir croire à sa sincérité est fort et pourrait se concrétiser.

"Gonna remember your kisses."

Mais plus tard, y repenser, et comprendre que tout cela n'était qu'un délire, qu'une histoire d'adolescents d'un roman sur un amour d'été -un amour avec un petit a- avec toute son improbabilité et son charme.

dimanche 19 octobre 2008

31.

Revenir. Et voir différemment. Se rendre compte de l'aveuglement passé, de ce manque de références. Être triste de l'extase d'autrefois. Se cogner contre un mur. Et se cogner contre les gens. Se sentir seule dans la connaissance de l'étranger. Parler d'immigration, mais avoir l'impression d'être l'unique personne à savoir la signification réelle du mot. Être déçue, terriblement déçue et revenir encore à cette question: pourquoi, la vie?

Essayer de revoir la magie dans Montréal. Espérer de trouver une poésie nouvelle et franche dans l'automne en feu. Se promener dans les rues et vouloir capter cet atmosphère si particulière qu'on croyait spectaculaire à Montréal. N'y parvenir qu'un peu et sentir un vide grandir.

jeudi 9 octobre 2008

30.

Se demander pourquoi vivre. Et arriver à la réponse: pour ne pas mourir. Penser au sens de notre vie et ne rien trouver. Comprendre que vivre ou mourir, ça ne changera, au final, absolument rien. Et soudain, tous les sons entourant se taisent et un silence s'installe. Un silence lourd, qui gobe tous bruits, toutes pensées. Le silence d'une Existence gênée de sa propre superficialité. Un silence de gêne.

Prost à l'Existence.

samedi 4 octobre 2008

29.

Se sentir à bout de souffle, avoir les yeux bouffis, les cheveux en bataille. Se rappeler des nuits précédentes et ne pas arriver à y voir un sens. Pas de plaisir. Qu'est-ce que je fais ici?
Ne pas arriver à effacer un monde lourd de 18 ans. Croire à la superficialité du moment et briser la magie du voyage. Se sentir triste, dépassée par des deuils d'amitiés qui seront achevées trop tôt. Boire, boire, boire, pour espérer oublier cette douloureuse conscience de la réalité. Boire, boire, boire et se rendre malade. Puis pleurer toute l'alcool ingurgitée vulgairement, sans classe, et se vomir dessus de dégoût. Boire, boire, boire d'alcoolisme, même plus par plaisir, mais par nécessité et rêver de cette ligne de coke, parce que l'alcool, ce n'est plus assez fort, assez intense. Mais boire, boire, boire toujours et encore, parce que cette ligne de coke sécuritaire se trouve à 6500 kilomètres. Boire, boire, boire, parce qu'il n'y a que ça à faire ici. Boire, boire, boire parce que le prix du retour à la normale sera trop drastique, du conte de fée à l'histoire d'horreur. Boire, boire, boire, de l'alcool dans un biberon d'enfant. Se coucher dans un berceau et s'endormir sur une berceuse techno. Voir son monde de déchéance et de débauche jonglé avec celui de l'innocence de l'enfance. En avoir marre, et espérer bientôt voir le fond de la bière.